RÉTROSPECTIVE HISTORIQUE DU RÊVE LUCIDE

C'est dans la période antique grecque que nous trouvons les premières traces des rêves lucides. En 350 avant J.C, Aristote, s'oppose à la croyance selon laquelle les rêves sont des messages divins. Le philosophe estime que les songes sont le résultat de stimuli internes. Aristote sera le premier à faire une mention explicite du rêve lucide "souvent quand on dort il y a quelque chose dans l'âme qui dit que ce qui apparaît est un rêve". Homère quant à lui mettait en scène des personnages qui se savaient en train de dormir.

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Il faut cependant attendre le IVe siècle après J.C pour en trouver un récit écrit. Il s'agit d'une lettre de Saint-Augustin où il fait mention du rêve lucide que lui a rapporté le médecin Gennadius. Dans ce rêve, le médecin prend conscience d'être en train de rêver car un personnage onirique vient l'en informer.

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Dès le VIIIe siècle, les Bouddhistes Tibétains pratiquent une forme de yoga destinée à maintenir la conscience totalement éveillée aussi bien pendant l'état de rêve que pendant l'état de veille. Ainsi, apprendre à être éveillé dans le rêve permet de se libérer, d'apporter davantage de bonheur dans le rêve. Selon la tradition tibétaine "si nous ne pouvons pas rester présents pendant le sommeil, si nous nous perdons chaque nuit, quelles sont nos chances d'être conscients au moment de mourir ?" Examiner sa manière de rêver, permet de savoir ce qu'il adviendra de nous à la mort.

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On trouve de nouveau des références au rêve lucide au XIIe siècle dans la civilisation islamique. Le célèbre soufi, Ibn El-Arabi connu dans le monde arabe comme un "grand maître" aurait préconisé d'être capable de contrôler ses pensées en rêve. Cet exercice dit-il apporterait de grands bénéfices à l'individu.

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Thomas d'Aquin au XIIIe siècle, propose une explication au rêve lucide. Il remarque que le phénomène est plus courant vers la fin du sommeil. "On juge parfois en dormant que ce qu'on voit est un rêve, comme si l'on discernait entre les réalités et leurs images".

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Dans la nuit du 10 novembre 1619, René Descartes, philosophe de la rationalité, a fait 3 rêves lucides consécutifs et décisifs pour sa pensée philosophique. Il est à noter qu'à cette époque où l'inquisition étant de mise, le rêve fut considéré plus fréquemment comme inspiré des forces démoniaques que par Dieu, son étude et son interprétation furent donc interdites. On comprend mieux pourquoi nous ne trouvons ensuite d'écrits sur le rêve lucide qu'au XIXe siècle, lui accordant un essor considérable.

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En 1861, Alfred Maury soutient que le rêve est produit par les sensations internes. Il est célèbre pour son récit du "rêve de la guillotine" au cours duquel il se fait décapiter. A son réveil, il remarque que la tête de lit s'est effondrée et que la tringle se trouve sur son cou. Cet événement l'amène à faire le lien entre impressions sensorielles et contenu du songe.

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Léon d'Hervey de Saint-Denys est reconnu comme le pionnier de l'étude du rêve lucide grâce à son oeuvre "Les rêves et les moyens de les diriger", publié en 1867 dans lequel il expose une méthode de contrôle des songes.

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Le siècle suivant voit naître la psychologie expérimentale ainsi que l'interprétation des rêves et avec elle de nouvelles voies d'exploration du rêve lucide. Plusieurs auteurs feront une étude de leur rêve lucide à la mémoire de Léon d'Hervey de Saint-Denys. Ce fut le cas de Van Eeden, écrivain et médecin psychiatre néerlandais, à qui nous devons le terme de rêve lucide, qui publia un article portant sur 352 de ses rêves lucides : "la réintégration des fonctions psychiques est si complète que le dormeur se rappelle sa vie éveillée ; il atteint un état de parfaite conscience, il est capable de diriger son attention et de décider d'actes de libre volonté. Cependant le sommeil, je puis vous l'affirmer en toute certitude est paisible, profond et reposant". 

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En 1938, Robert Desoille, psychothérapeute français, crée la méthode du rêve éveillé dirigé. L'individu, en état de relaxation, est invité à atteindre un stade de conscience proche du sommeil. Les images décrites par l'individu sont alors utilisées pour étudier et résoudre des problèmes psychiques.